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Le blog de Blang
30 janvier 2005

ENTRETIEN AVEC JEAN-LUC MÉLENCHON Dans L'HUMANITÉ

                        

 

       
ENTRETIEN AVEC JEAN-LUC MÉLENCHON
      
        Dans L'HUMANITÉ         
      
                                     par Rosa Moussaoui
                             
   
 
 
 
 
Vendredi 28 Janvier   2005
 
   


  Constitution   européenne. Le sénateur socialiste Jean-Luc Mélenchon s'explique
  sur son   opposition au projet de traité.

                       
« Je n'exclus   pas de faire campagne avec d'autres »
 
 
   
Pourquoi êtes-vous opposé au projet de traité constitutionnel   européen ?
 
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  Ce texte a été élaboré en vase clos, à l'écart des citoyens,
  par une  convention non élue. Ce processus antidémocratique, en soi, mérite 
  d'être sanctionné. Sa troisième partie, celle qui commande aux deux  autres, refond
  l'ensemble des traités précédents, mais en leur  conférant, et c'est bien là le problème,
  une valeur constitutionnelle.
 
 
 
Ces traités, vous les avez approuvés, pour certains, dont celui   de Maastricht...
 
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  Nous avons pu être d'accord, pour des raisons contradictoires,
  ou en  partie en désaccord, mais avec l'espoir qu'à la discussion suivante les  choses
  puissent évoluer et s'améliorer. Si nous constitutionnalisons  ces textes, nous ne
  pourrons plus les changer.
 
 
 
Qu'est-ce  qui vous pose problème dans cette troisième partie ? Contestez-
  vous, par exemple, le statut et le rôle de la Banque centrale européenne ?
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  Même la Banque centrale américaine est moins indépendante
  que cette  Banque centrale européenne ! La BCE n'a de compte à rendre à personne. 
  Elle doit être consultée sur l'ensemble des politiques, obligatoirement  conformes à son
  objectif unique : la stabilité des prix, qui n'est rien  d'autre que la protection de la rente.
  Ce projet de constitution  interdit toute harmonisation sociale. Il ne se contente pas
  d'organiser  un cadre institutionnel et politique, il énonce des interdictions et  définit les
  politiques qui devront être obligatoirement menées. Quelle  place resterait-il
  pour une politique progressiste si cette  constitution était adoptée ?
 
 
 
Les deux premières parties de ce projet sont-elles acceptables   ?
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  Elles comportent elles aussi des dispositions très discutables,
  comme  la reconnaissance de droits à des personnes appartenant à des  minorités,
  contraire au principe républicain d'égalité, ou la  transformation du droit au travail en
  « droit de travailler et liberté  de chercher un emploi ».
 
 
 
Quel jugement portez-vous sur la charte de droits fondamentaux   ?
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  Depuis la version précédente, proclamée à Nice, il y a eu des
  changements, et ces changements sont tous au rabais. Il est bien  précisé que cette
  charte « ne crée aucune obligation nouvelle ». Cela  signifie que les travailleurs qui
  auraient des droits sociaux  inférieurs à ceux qu'elle énonce ne pourraient pas s'en
  prévaloir pour  faire avancer leurs droits dans leur pays. Si ce n'est pas de la poudre 
  aux yeux, ça y ressemble de près.
 

Vous  avez participé aux manifestations des salariés de la fonction publique  en
  arborant un badge « Pour moi, c'est non ». Pour vous, ce texte  condamne-t-il
  les services publics ?
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  En érigeant « la concurrence libre et non faussée » en principe
  unique, ce texte programme la disparition des services publics. Les « services  d'intérêt
  économique général » dont il est question dans ce projet de  constitution n'ont rien
  à voir avec des services publics. Lorsqu'on  lutte pour la défense des services publics
  en France, il faut être  cohérent et dire « non » à ce projet de constitution.
 
 
 
Pour  le Parti socialiste, cette constitution ferait de l'Europe une  puissance
  capable de contrebalancer l'hégémonie états-unienne...
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  Je ne le crois pas du tout. Mes amis se font des illusions. Le
  texte  met l'ensemble du système de sécurité et de défense de l'Europe à la  remorque
  des États-Unis par l'intermédiaire de l'OTAN.
 
 
 
Peut-on contester la directive Bolkestein et défendre ce projet,   comme le fait
  aujourd'hui votre parti ?
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  Le Parti socialiste est un parti de gauche, il ne peut pas être
   indifférent au contenu de cette directive Bolkestein. Certains sont  persuadés que l'on
  peut s'opposer à cette directive tout en étant  partisan de la constitution. Ce n'est
  pas mon analyse. Cette  constitution sécrétera des directives Bolkestein comme le foie
  de la  bile.
 

Comment réagissez-vous aux pressions qui s'exercent actuellement   sur vous ?
 
 
Jean-Luc   Mélenchon.  Avec de la tristesse. Je n'ai pas l'intention de faire campagne
  avec le poing et la rose. Je respecte la décision de mon parti. Mais nous ne  sommes
  plus à une époque ou une décision de parti peut faire taire une  voix.
 
 
 
Dans  cette campagne référendaire, allez-vous jouer une partition en solo, ou
  envisagez-vous  de vous retrouver, à gauche, avec d'autres partisans du 
  «non» ?
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  Je n'exclus pas du tout de faire campagne avec d'autres
  partisans du «  non ». Si le « non » l'emporte, il est important que la gauche puisse  être
  en tête de ce processus.
 

Croyez-vous  que des militants ou sympathisants socialistes favorables au
  « oui » puissent réviser leur jugement avec l'accélération du débat public sur
  le projet de constitution ?
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  J'en suis persuadé. Nous avons beaucoup souffert, au moment
  où nous avons eu la discussion au Parti socialiste, de l'absence de mouvements  -
  sociaux importants. Ils auraient donné vie aux questions - abstraites  que nous
  soulevions. Depuis, les choses ont changé, des forces asso-  ciatives et syndicales ont
  - commencé à s'exprimer... Le PS ne changera  pas de position. Il n'en reste pas moins
  que plus de 40 % de ses  militants ont voté « non ». Ils doivent pouvoir être
  représentés.
 
 
 
Votre  expérience au gouvernement comme ministre de l'Enseignement
  professionnel a-t-elle changé votre regard sur la construction  européenne ?
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  Je suis sorti de cette expérience avec une inquiétude renforcée.
  En matière d'éducation, par exemple, tout est prêt pour une privatisation  généralisée.
  Comme l'éducation ne relève pas de la compétence  communautaire, il était impossible
  de nous imposer quoi que ce soit.  Mais j'ai vu à quel point certains esprits étaient
  avancés, prêts à  livrer l'éducation aux règles du marché.
 
 
 
Ce débat sur le projet de constitution s'inscrit-il dans la   continuité du débat
  ouvert par l'échec de la gauche en 2002   ?
 
 
Jean-Luc Mélenchon.  Nous sommes dans le même cycle politique, marqué par
  l'incapacité d'une partie des élites à comprendre la souffrance sociale que répandent
  les  politiques libérales. Des dernières élections européennes, je retiens  surtout cet
  océan d'abstention dans toute l'Europe, et singulièrement  dans les pays qui viennent
  d'entrer dans l'UE. L'espace économique et -  civique que propose cette constitution
  aggraverait la situation ;  condamnant les peuples à rester sans voix, sans alternative
  et ouvrant la voie au communautarisme, aux fanatismes religieux ou nationalistes.
                   
 
   
Entretien réalisé par Rosa   Moussaoui

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Commentaires
C
Comment se prononcer?Je suis bien d'accord avec Gab:un texte reserve a des juristes specialises en droit international.Alors en effet,il faut bien se fier a d'autres.Lesquels,puisqu'ils s'opposent si violemment?A ceux bien sur qui sont capables d'analyser le texte et donc de dire s'il est bon ou pas pour l'avenir.<br /> malheureusement,ce qui est bon pour l'avenir,les gens ne sont pas d'accord.En gros,d'apres ce que j'ai compris, il y a la droite(liberale , individualiste,que le meilleur gagne et vae victis...)et la gauche(solidarite,defense des services publics,respect de l'autre...)Mais la,au sujet de la constitution,UMP ET PS sont d'accord;c'est bien pour l'avenir.Curieux.<br /> Pourquoi le PS est pour?60°/0 des militants ont voter pour,mais ils n'y connaissaient pas plus que moi:ils ont voter pour Hollande contre Fabius.Il n'y a la que guerre des chefs.<br /> Pourquoi la droite est pour,si ce n'est parcqu'elle a a redorer son blason apres les defaites cuisantes qu'elles a essuyees?<br /> Ce consensus droite-gauche autour d'un texte elabore par un ex qui n'a jamais ete tres proche des gens me choque.Et c'est vrai que les arguments developpes pour...(voir plus haut).je ne respecte vraiment pas tous les avis,ettres peu me semble sincere dans le monde politique ou mediatique.
G
Marrant comment on se forge une opinion sur un sujet politique. Je n'ai pas lu la Constitution européenne, et si je la lisais je crois que ça ne changerait rien, je crois qu'il faut savoir lire ce genre de texte. Parmi tous les gens qui vont donner un avis sur ce sujet , peu l'auront vraiment lu. Mais l'avis de chacun me paraît tout à fait légitime et respectable.<br /> Bon, il faut quand même se forger une opinion. Pour ça, on lit, on écoute les avis des journalistes, des hommes politiques etc. Pour ma part, c'est un édito de Philippe Val dans Charlie-hebdo qui m'a convaincu (lui, il est pour !).<br /> J'aime bien Philippe Val, je trouve que c'est un observateur indépendant et modéré de la vie politique. En plus je trouve que ses arguments sont convaincants, mais je ne veux pas les reprendre ici. Je lis l'interview de Mélanchon, bof. Le parti socialiste a dit oui à la constitution européenne à la fin d'un processus démocratique exemplaire, il ne se plie pas à l'avis majoritaire, re-bof. Il était contre la première guerre du golfe. Bon, je sens que c'est parti pour les polémiques ! Mais je ne veux pas polémiquer, en fait la constitution européenne ça ne m'intéresse pas tellement (c'est sûrement un tort), ce qui m'intéresse c'est comment on se fait une opinion. Je fais plus confiance à Val qu'à Mélanchon voilà, je trouve que Val a une meilleure tête que Mélanchon (là j'en rajoute un peu...)
C
BRAVo!!!<br /> je recommande a Blang de lire les differents textes et rapports de l'OCDE:elle y trouvera la source de ce genre de directive .
L
Très convaincant.
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